Monologue à deux

Je me rends compte que beaucoup de choses ont changé entre nous.

Quand nous avons commencé notre relation, nous étions dans le registre de l'immédiat, j'avais envie de te raconter tous les micro-événements qui composaient ma journée, ces petits détails auquel plus personne ne prête attention mais qui me plaisent et touchent beaucoup, j'avais envie que tu saches tout de mes trajets, de mes découvertes.

Depuis, il s'est passé beaucoup de choses, plus de 3 ans, et j'ai l'impression d'avoir beaucoup changé, ou plutôt évolué, puisque ça s'est fait dans la continuité, sans heurts et sans ruptures. Je ne suis plus dans ce même état d'esprit, je suis plus dans la pérennité et la durabilité. Tant pis si je ne te raconte pas tout, je sais qu'on est au delà de ça et que notre relation n'a plus besoin de se nourrir du quotidien, puisqu'elle est inscrite à une échelle beaucoup plus large! Je sais pas si je me fais bien comprendre, mais j'ai l'impression qu'on est passés de la réalité du monde à l'intemporalité.

Ce qui explique, cher Blog pourquoi je te délaisse un peu ces temps-ci.

Les feuilles qui bougent dans les arbres, traversées par un rayon de soleil; un lever de soleil rose sur les montagnes quand je suis à vélo; les feuilles qui tombent des arbres, rouler dans une ville déserte, éclairée pour les gens qui dorment dehors et les étudiants noctambules, des mémés qui discutent en arabe dans le tram', les mains pleines de henné après le Ramadan, ça me touche toujours, et plus que jamais.
Mais je sais pas, j'arrive plus à trouver les mots pour l'exprimer. L'exprimer aussi bien que ça le mérite. J'aimerais savoir écrire. Je veux dire VRAIMENT écrire. Avoir le don de toucher les gens, en alignant les mots sur une feuille ou sur un écran. Savoir faire rire, savoir faire pleurer, et passer par toutes les nuances qu'il y a entre les deux.
Faire ressentir la nostalgie des moments heureux, rappeler des souvenirs de voyage, la mélancolie que l'on éprouve à revenir sur des lieux que l'on a habité..

Et je crois que c'est ça qui me frustre un peu, je n'écrirais jamais quelque chose de si merveilleusement illogique que 

"La terre est bleue comme une orange"

Et pourtant, putain, mais qu'est ce que c'est beau!